Il y a quelques semaines, avant la crise qui m’amena à Douglas au milieu de la nuit, j’ai eu un autre moment de détresse.
Je ne savais pas trop pourquoi mais j’avais besoin de partir. J’avais besoin de quitter ma vie et j’avais besoins de recommencer à zéro. J’étais tellement tannée de faire mal aux gens autours de moi et de les inquiétés que je m’étais stupidement dit que ça serait mieux si je n’étais plus là.
J’ai pris mon sac à dos, j’y ai mit des vêtements chauds, quelques trucs à manger, tout mon argent, mon toutou d’enfance Juliette ainsi que celui que mon copain m’a offert, mon carnet à dessin, quelques crayon et un livre.
Il était environ 20H. Je fis plusieurs recherches sur Internet. J’avais besoins de prendre un train et partir le plus loin possible pour être certaine de ne plus être trouvée. Malheureusement (ou plutôt heureusement), il n’y en avait plus qui passait à cette heure là. J’attrapais mon ukulele, regardai ma chambre une «dernière fois» avant de sortir de celle-ci.
J’ai dit à mes parents que je partais chez mon copain en bus.
Je vérifiais dans leur chambre pour essayer de trouver de l’argent sans succès (J’ai honte et ne le ferais plus jamais!).
Je partis.
J’allais dans le métro sans trop savoir où j’irai. Au début, je pensais sortir à Bonaventure pour aller à la gare et trouver une façon quelconque de partir. Quand la station arriva, je demeurais assise
Je continuais donc sur la ligne orange en écoutant Lily de Vincent Vallières en boucle sur mon Ipod. Je pleurais à grandes larmes dans le wagon de métro et personne ne vint m’aider.
Les gens me dégoutaient. Je sortis à la station Jean-Talon et allait vers la direction Snowdon.
Je m’assis sur un banc et sortit mon Ukulele. Je me mis à jouer les accords de Riptide sans chanter.
Le métro arriva. J’hésitais à y entrer.
Les portes se refermèrent.
Je me remis à jouer et chantais les paroles doucement pour être certaine que personne ne m’entende.
Une dame s’est approché de moi et s’est assise sur le banc. Un homme nous séparait se qui rendait la conversation un peu difficile. Elle me demanda de quel instrument je jouais. J’étais un peu timide. Je lui dit que c’était un ukulele. Elle me répondit qu’elle croyait que c’était une mini guitare comme celle qu’elle avait vu en Espagne.
Plus rien.
Dans ma tête je ne cessait de me répéter que je devais lui parler.
Que lorsque le métro arriverait j’allais m’asseoir à ses cotés et lui demander
«Vous êtes allez en Espagne?»
C’est d’ailleurs ce que je fis.
Elle me parla de ses voyages, de sa famille nombreuse ou l’on chantait et jouait de la musique et de sa carrière où elle composait et jouait la guitare et le piano. Je lui posais des questions sur celle-ci et elle me fis une carte de visite improvisé sur une page de son journal.
Elle me dit des mots qui me fit prendre conscience que c’était vraiment stupide de partir de chez moi, de quitter tous mes amis, ma famille et mon amoureux qui m’aiment du plus profond de leurs coeurs :
Il faut profiter des moments quand ils arrivent parce que lorsque l’on vieillit, si nous n’en avons pas profité, nous le regrettons. Tu es jeune, tout les chemins s’offrent à toi!
Elle avait raison. C’était stupide de tout abandonner là.
Je la quittais à Côte-Des-Neiges et appelait tout de suite Gaël en pleurant.
Cette merveilleuse et gentille dame que j’ai rencontré dans le métro s’appelle Jacqueline Lemay.
Elle a composé beaucoup de belles comptines pour enfant mais a aussi écrit de merveilleuses chansons. J’ai fait beaucoup de recherches pour découvrir sa discographie. Lors d’une visite à la Bibliothèque Nationale des Archives du Québec, j’ai trouvé le disque dont elle m’avait parlé, Écris-moi un mot. Je l’ai mis sur mon ordinateur pour l’écouter et j’adore sa voix et ses textes, c’est vraiment beau!
Mes chansons préférés sont Écris-moi un mot, Mon aïeule acadienne et Le Québecois.
Sa musique est disponible sur Itunes. Je vous invites fortement à aller l’écouter c’est super jolie!
Sans le savoir, cette dame m’a empêché de faire quelque chose de stupide et je la remercie grandement du fin fond de mon coeur!
Il ne faut pas se gêner et parler aux gens, on peut en apprendre beaucoup des autres.
Rester seul à fixer son écran de cellulaire dans le métro est beaucoup moins intéressant qu’en apprendre sur l’Europe et la musique Québécoise.
Cordialement,
Poukinie qui n’essayera plus jamais de fuguer.